Log in
updated 9:39 AM CEST, Apr 11, 2024

MOBILITES RESIDENTIELLES DES SENIORS ET AMENAGEMENTS DES TERRITOIRES

parcours résidentiel

Rapport adopté par le Conseil de l’âge le 8 juillet 2021

 

Haut conseil enfance famille âge


De nombreux travaux existent sur les mobilités résidentielles des seniors. Si ces derniers sont moins
mobiles que la moyenne des Français, certaines périodes de la vie sont néanmoins propices à
d’intenses reconfigurations, en particulier après le passage à la retraite, à la suite d’un veuvage ou
encore avec l’avancée en âge et l’apparition de nouveaux besoins pour compenser les pertes de
fonctionnalité et préserver des formes d’autonomie. On peut alors déménager dans un domicile dans
lequel on pourra se « maintenir » par la suite, au fil de l’avancée en âge. L’accès à un logement
adapté permet alors de demeurer dans un logement ordinaire plus longtemps.


D’autre part les politiques publiques se sont saisies des thématiques d’aménagements inclusifs des
territoires pour les seniors depuis plus d’une dizaine d’années.


Il n’est pas aisé de croiser les sujets, non seulement parce que les sources ne le permettent pas
toujours, mais aussi parce que les travaux sur la mobilité résidentielle renvoient généralement à des
approches plus macroscopiques que les questions relatives à l’aménagement, qui relèvent pour leur
part plus souvent d’approches plus qualitatives et sont réalisées sur des échelles territoriales plus
petites, correspondant à des bassins de vie de proximité.
Pour autant, ces deux dimensions sont liées, les mobilités résidentielles renvoyant in fine aux
possibilités de maintien à domicile dans un logement aménagé, aux mobilités quotidiennes et d’accès
aux aménités des territoires, sous conditions de ressources et de tissu relationnel des personnes.
Rester dans un logement ordinaire le plus longtemps possible, dans de bonnes conditions, en
particulier dans les périodes dans lesquelles une aide est nécessaire, suppose des conditions de
logement adaptées, qu’il s’agisse des caractéristiques des logements eux-mêmes (taille, confort,
accessibilité, équipements…), de leur plus ou moins grande proximité géographique avec les
services nécessaires, ou encore de leur connectivité avec des ressources plus délocalisées mais
articulées à un volet de proximité.

Cette adaptation effective des logements peut être envisagée de longue date, et concerner le
logement d’origine quand les personnes n'ont encore aucune perte d’autonomie. Mais il est aussi
envisageable que le changement de domicile, vers un logement adapté, puisse maintenir la mobilité
de proximité, favorisant l’autonomie, et les aides reçues quand elles deviennent nécessaires. À ce
titre, la mobilité résidentielle peut être considérée comme un pan de la politique de prise en charge
de la perte d’autonomie.


Cette notre dresse un état des lieux sur la mobilité résidentielle des seniors, à la fois mobilité
géographique, et mobilités entre différents types de logements qui peuvent être liées à l’évolution
des besoins liés à l’âge, du logement ordinaire vers un Ehpad, d’une maison rurale vers un
appartement en proximité de centre-ville. Dans un contexte de vieillissement de la population, nous
avons choisi de traiter ces mobilités résidentielles comme révélateur – et facteur – des besoins
d’habitat et d’éventuelles tensions à venir en terme de logements et d’urbanisme sur les
territoires, même si les liens ne sont pas univoques (on peut changer de territoire pour ne pas
changer de type de logement ou changer de logement sans changer de territoire. Nous ne traiterons
donc pas ici des conséquences en matière d’économie résidentielle liées au seniors, ni de politiques
de transports.
Les causes de la mobilité résidentielle sont variées : vie familiale, qualité du logement, santé,
aspects économiques (passage à la retraite), etc. Si la volonté de vieillir à domicile est une aspiration
quasi unanime, celle de vieillir sur place quoi qu’il arrive n’est pas partagée par tous. De même,
vieillir chez soi ne signifie pas nécessairement rester dans le même logement. La mobilité
résidentielle des personnes âgées peut se schématiser par une courbe en U (après 65 ans) : la part
des mobilités résidentielles longues (géographiquement éloignées du domicile de départ) décroît
avec l’âge et redémarre après 80 ans. Au fil des âges, une hausse importante de la mobilité se fait
alors vers des établissements, qui représente, à 85-89 ans, 61 % des mobilités résidentielles. Par
ailleurs, on observe un phénomène de mobilité vers le parc social (10 % des mobilités à 75-79 ans).
Ces mobilités présentent de fortes disparités territoriales, que l’on observe par exemple une part de
75 ans et plus en logement HLM qui varie de 1 à 10 selon les départements, ou des dynamiques
contrastées d’entrée en Ehpad. C’est encore plus vrai si l’on observe la part que représentent les
personnes de plus de 75 ans dans la population d’un département, et leur taux d’accroissement.
L’impact de ces mobilités sur le vieillissement de la population locale et sur la politique locale de
l’habitat va dépendre de la taille de la population locale et de sa structure par âge.

Les différentes dynamiques à l’oeuvre peuvent être synthétisées ainsi :


- la majorité des personnes âgées vivent dans de grandes agglomérations, où elles
représentent une faible part de la population (15 % des personnes de 75 ans et plus
résident dans les huit départements d’Ile-de-France et 5 % résident dans les dix
départements les plus « vieux ») ;
- les mobilités des plus âgés se font principalement de quelques-unes de ces métropoles
vers des zones peu urbanisées, peu peuplées et où la population est déjà relativement
âgée ; de manière générale dans les départements situés au sud d’une diagonale allant
du Calvados au Jura (hors grandes villes), et en particulier vers le littoral océanique et le
golfe du Lion ;
- le nombre de départs des grandes métropoles a beau être élevé, la part de la population
âgée y augmente légèrement car simultanément, les générations suivantes vieillissent,
et leur nombre fait plus que compenser les départs ;
- dans les autres zones, le vieillissement de la population locale est d’autant plus fort que
le nombre d’arrivées est élevé (ex : le Var), que la population déjà résidante est faible
(ex : Hautes-Alpes ) ou que l’exode des jeunes est important ;
- dans les départements déjà âgés et peu peuplés, un petit nombre d’arrivées fait vieillir
fortement la population (Massif central, Alpes) ;
- dans les départements vers lesquels la population âgée déménage en majorité, le défi
est d’autant plus important qu’ils sont « jeunes » (nouveauté du phénomène) ou peu
peuplés (ampleur du phénomène).

Une part importante de la population âgée réside ainsi dans des zones urbaines jeunes. Dans ces
territoires, où les personnes âgées ne représentent qu’une faible part de la population locale malgré
leur nombre et leur augmentation, leurs besoins spécifiques d’habitat risquent une formed’invisibilité,

masqués par ceux d’autres populations plus facilement repérées comme prioritaires. À
l’inverse dans des territoires dits vieillissants, les personnes âgées peuvent constituer une part
importante, mais représenter des effectifs limités, ce qui est susceptible de rendre plus difficile le
développement de services à domicile et d’une offre résidentielle ad hoc (modèles économiques,
implantation).


Étant donné cette diversité territoriale, les réponses territoriales aux besoins résidentiels des
personnes âgées ne seront pas uniformes. Répondre au défi démographique en termes de
trajectoires résidentielles, à hauteur des projections démographiques bien connues à l’échelle
nationale, nécessitera des impulsions coordonnées, ainsi que de marier les échelles d’observations,
aussi bien les aires urbaines que les échelles infraterritoriales. Plusieurs territoires ont identifié un
besoin d’une meilleure anticipation de l’habitat pour les personnes âgées et souligné les difficultés
pour la mettre en place et prévoir des aménagements des territoires cohérents avec cet habitat.
Il convient alors de se demander comment dépasser un apport descriptif des mobilités résidentielles
des seniors : est-il possible d’adopter une approche plus quantitative et prospective permettant de
guider les investissements publics et d’anticiper des aménagements du territoire pour faire face au
vieillissement? Ce fût l’objet de nos travaux du premier semestre 2021.


Cet état des lieux a été présenté au Conseil de l’âge de février 2021. Dans la version initiale étaient
également indiquées des premières pistes en vue d’aménagements des logements, d’aide aux
mobilités ou d’aménagements du territoire en lien avec la localisation des habitats de personnes
âgées comme part d’une politique de promotion du bien vieillir et de soutien à l’autonomie.
Approfondies au premier semestre 2021, elles ont nourri le tome II qui traite des pistes de ce rapport.

Télécharger l'état des lieux

Tome II - les Pistes - Télécharger le rapport